L’enfant est une personne à part entière qui ne demande qu’à s’exprimer.
Comment peut-il y arriver ? Comment exprimer ce qui le tracasse ?
Les parents, c’est sacre.
L’enfant sacralise ses parents. Il les situe au-dessus de tout. Il dépend d’eux et ne veut pas les froisser, les fâcher. Que deviendrait-il, s’ils se mettaient vraiment en colère envers lui ? Que deviendrait-il s’ils l’abandonnaient, pourrait se dire l’enfant.
S’exprimer par le sommeil.
Le sommeil fait partie de ses moyens d’expression. Il dévoilera ses émotions non-exprimées pendant la journée par un sommeil chaotique, par un endormissement difficile, par le déclenchement du « pipi au lit », par des terreurs nocturnes, par des fièvres soudaines, des maux de ventres, boutons de fièvres, etc…
De vrais papiers buvards.
Quelle est cette inquiétude qu’il ressent et qu’il ne peut pas exprimer ?
Ressentirait-il un problème d’entente chez ses parents même si ce problème n’a encore jamais été exprimé entre les deux ?
Ressentirait-il une peine chez eux ou chez l’un des deux ?
Ressentirait-il une insécurité, un manque d’amour maternel ? Pas toujours facile d’être mère !
Une mère qui essaye de prévoir tout mais qui se demande s’il ne manquerait pas encore quelque chose ? Très prévenante, peut-être un peu trop ?
Un père absent, qui est là sans être vraiment là ? Où se trouve ma place ? Comment faire pour la prendre ? Pas toujours facile d’être père !
L’enfant parle avec son sommeil, même au risque de se faire gronder. Au moins on se pose des questions à son propos, il se fait remarquer et on tente de le comprendre. Pas toujours facile encore, d’entendre ce que notre enfant veut nous dire. Nous ne sommes pas toujours conscients de ce que nous dégageons et que l’enfant ne comprend pas, voir n’accepte pas.
La nuit et ses mystères.
La nuit fait peur et amène ses incertitudes. Surtout le début de la nuit et aussi au beau milieu de celle-ci.
Ce sont des passages difficiles et on s’en aperçoit bien avec les personnes âgées qui en terminant leurs cycles de vies retombent dans l’enfance. Leurs peurs de l’enfance se ravivent. Rien n’a été oublié, tout a été mis de côté pour pouvoir avancer dans la vie.
Les enfants ont beaucoup de choses sur la vie à nous apprendre et pas l’inverse. N’essayons surtout pas de faire en sorte qu’ils nous ressemblent, mais nous les grands nous pouvons faire tout pour leur ressembler.
Histoire vécue : Un sommeil qui tombe.
Une maman m’appelle pour son enfant qui craint d’aller dans sa chambre au moment du coucher. Elle ne peut pas le laisser seul quand il est sur le point de s’endormir. Une fois endormi, son sommeil s’en trouve perturbé tout le long de la nuit et l’enfant termine bien souvent sa nuit dans la chambre de ses parents. Toute la famille s’inquiète, en perd son latin avec tous les conseils de l’entourage. Que se passe-t-il ?
A mon 1er rendez-vous chez eux, une discussion s’engage sur les détails de ces perturbations. Le petit garçon après son endormissement, perçoit une forme qui se tient près de son lit et qui le réveille. Le petit garçon a peur de cette forme qu’il décrit comme un guerrier avec une épée à la main. Il en parle comme un personnage luttant et faisant des chutes. Il réveille sa maman et lui raconte ce qui se passe 2 à 3 fois par semaine, même plus.
Je demande à la maman ce qui se passe au sein de la famille. Y aurait-il des disputes dans le couple ? Comment cela se passe-t-il à l’école ? Est-ce que des événements forts se sont déroulés ? Accident, maladie dans la famille, absence du papa pour diverses causes, etc…
Le papa est charpentier et a subi un grave accident. Son fils a eu une peur bleue de ce qui est arrivé à son papa. Il a cru qu’il allait perdre son papa ou du moins a senti une angoisse l’envahir. « Qui va nous protéger si mon papa s’en va ? »
Cet accident, chez le papa, a provoqué beaucoup de colère et de culpabilité puisque ses blessures sont importantes et peut-être, irrécupérables. « Qu’ai-je fait ? Vais-je rester sans travail, handicapé ? Comment vais-je faire pour apporter sécurité et tranquillité dans ma famille ? Son fils va donc s’imprégner de cette colère, culpabilité et de cette peur immense que son papa puisse se retrouver sans force.
Ce guerrier hante ses nuits, lui fiche la frousse et décuple ses colères et angoisses dans la journée. A l’école, le petit garçon est souvent agressif et intenable. Il a absorbé comme un papier buvard les émotions de son père et c’est lui, le petit garçon, qui les exprime à sa façon dans son sommeil.
Je suis entré dans la chambre du petit garçon, j’ai compris ce qui s’y passait et j’ai libéré toutes ces énergies, réelles pour l’enfant. Ce dernier a pu retrouver son sommeil. La discussion s’est ouverte et l’émotion a été comprise par le papa et par la maman. Il y a eu prise de conscience de ce que vivait leur enfant et prise de conscience de la part du papa qui retenait sa colère et sa culpabilité au fond de lui. Il s’en cachait par une attitude apaisée et contrôlée qui n’était là que pour mieux camoufler ses propres émotions.
